Souvenirs de Charles Barillon disparu dans l'Yonne








Un habitant de Chailley, village du nord du département de l'Yonne, âgé de 78 ans a disparu le 1er juillet 2016. 

Il est décrit comme un homme de corpulence moyenne, mesurant 1,72 mètres avec les cheveux grisonnant. Il souffre de la maladie de Parkinson. Toute personne disposant de renseignements est invitée à contacter la gendarmerie.  Je vais apprendre rapidement qu'il s'agit de Charles BARILLON.



Charles BARILLON, 78 ans


Le septuagénaire a été porté disparu depuis vendredi 1er juillet 2016 à 15h00. Parti le matin à 9h30 avec son véhicule, pour aller cueillir des champignons dans la forêt d'Othe à quelques kilomètres du village de Chailley, il n'est pas rentré chez lui et plus donné signe de vie. Sa famille a alerté la gendarmerie à 15h00. Sa voiture a été retrouvée dans le hameau du Vaudevanne à quelques kilomètres de son village. Mais pas de trace de Charles.Les gendarmes ont déployé de nombreux moyens pour le retrouver : équipes cynophiles, hélicoptère équipé d'une caméra thermique. Des battues ont été organisées pendant 5 journées, avec la participation de nombreux habitants du village. 70 à 80 bénévoles ont été encadrés par une dizaine de gendarmes à pied, habillés en treillis, des sapeurs pompiers, six maitres chiens. Chaque parcelle est ratissée en ligne, bâton à la main pour fouiller dans les ronces. Les réseaux sociaux (facebook, twitter, sms...) ont fonctionné à plein pour relayer les appels à témoignages.







Battue dans les bois de la Forêt d'Othe (recherche Charles Barillon)






Il faut dire que l'ancien garagiste est connu dans le village et que chacun a à l'esprit sa maladie de Parkinson rappelle son cousin : " ça bloque les nerfs. Le traitement qu'il a c'est justement pour lui donner ce qui manque afin d'activer le système nerveux. Donc s'il n'a pas ça, il se bloque et il ne peut plus bouger ". Mais c'est quelqu'un de prudent précise Dadou, son neveu : " Quand il se perdait, il arrivait sur un chemin ou une route et il ne bougeait plus. Il attendait que quelqu'un vienne le chercher. Une ou deux fois on a été le chercher. Il ne s'amusait pas à traverser toute la forêt. " (France Bleue Auxerre).


Charles Barillon a marqué toute une époque à Chailley. 



Né à Chailley, il a fait toute sa scolarité dans son village. Il a côtoyé toute une génération d'enfants de Chailley : Gérard Bourgoin, Alain Charlot, Nicole Frochot pour ne citer que mes oncles et tantes.

C'était un élève sérieux en témoigne son dessin de la Chappelle dans le livret daté de 1948-1949, intitulé l'histoire de Chailley, rédigé par les élèves de M. Millot, Instituteur.



Dessin de Charles Barillon - La Chapelle de Chailley- 1949




Son père Albert Barillon a construit son garage, dans la grande rue de Chailley en 1916. Situé d'abord 39 grande rue, le garage d'Albert et de sa soeur Marcelle a toujours été celui de l'agent Peugeot. Après son mariage, Irénée Barillon prend la suite de sa belle-soeur. Plus tard le garage s'installe de l'autre côté de la route au 22. 






Le garage Barillon à Chailley





C'est en 1974 que Charles Barillon, ouvrier chez son père, prend la relève, comme agent Peugeot. 

Le garage local prend un grand essor sous la direction de Charles. Son mécanicien Raymond Grellat, compétent, y travaille sans relâche pendant trente ans. Raymond Grellat , conseiller municipal  dès 1958, sous la mandature de Marcel Bourgoin, Maire, était aussi une figure dans le village. Son épouse tenait une boutique de bric-à-brac où on trouvait pèle-mêle des bonbons, des jouets, des cartes postales, de la laine, de la mercerie, des vêtements, des cadeaux, des chaussures, des articles ménagers. Son magasin, installé au rez-de-chaussée de sa maison, sur la grande rue, près de l'ancienne poste, était une caverne d'Ali Baba. Enfant, nous courrions chez Mme Grellat dit "Gaby" née Gabrielle Manigaut, dès que nous avions une petite pièce ; elle remplissait nos poches des plus exquis bonbons que j'ai pu manger ! 

L'épouse de Charles, Danièle sert les clients à la pompe à essence et s'occupe de la comptabilité. Elle dit avoir vu son mari " plus en côte qu'en habit ". Elle poursuit " Il a la passion et le goût du travail bien fait ". (Chailley nouvelles n°44 - 2014). 

Charles a participé à la fabrication du manège de Chailley

Je pense fort à Danièle, son épouse, qui vit ce drame. Avec Danièle Barillon, nous avions été interviewé ensemble par les élèves de la classe de CM2 de M Magnani en 2015. Nous avions évoqué nos souvenirs de l'ancien manège du village construit par les habitants en 1964. Pour sa renaissance en 2015, les enfants devaient relater dans un livret l'histoire de ce manège. Si moi, j'avais évoqué mes souvenirs d'enfant émerveillée par ce beau manège, Danièle a expliqué que Albert son beau père et Charles Barillon son mari avaient participé activement à cette construction. Le frère de Charles, Michel, qui travaillait à l'usine Peugeot de Sochaux, avait amené un pont de 5 CV qui faisait tourner le plateau du manège grâce à un moteur électrique. Toute la partie mécanique avait été confiée à la famille Barillon. C'est un exemple de l'implication de Charles dans la vie communale.




L'ancien manège de Chailley


Le garage Barillon, garage attitré de l'usine de Chailley 

Une entreprise de découpe et de transformation de volailles " la Chaillotine " est créée par son copain de classe Gérard Bourgoin, fils du boucher de Chailley Marcel Bourgoin, mon grand-père.  L'entreprise de Chailley va se développer dans toute la France et exporter sa production à l'international. Le garage de Charles Barillon se met à réparer et entretenir les camions de livraison de plus en plus nombreux et sophistiqués. Il n'est pas rare, de voire ces camions endommagés, ces poids lourds frigorifiques en panne, garés dans la rue devant le garage.







Charles BARILLON dans son garage à Chailley 89





C'est ainsi que je l'ai connu enfant quand je me rendais en vacances chez mes grands parents Marcel et Germaine Bourgoin. 


Il portait sa côte bleue et son béret noir sur la tête. Toujours aimable, mais toujours au travail. Sa maison d'habitation était accolée au grand garage et il ne quittait guère son atelier. Car le travail ne manquait pas. Les Parisiens en résidence secondaire, comme les Chaillotins savaient qu'on pouvait lui faire confiance.

Je me souviens d'une anecdote qui met en valeur sa gentillesse, son dévouement et ses compétences techniques. J'étais venue à Chailley en voiture avec ma mère Arlette. Le dimanche soir nous nous apprêtions à rentrer à Paris. Ma mère se met au volant de ma voiture et recule violemment. Elle heurte un arbre planté sur le trottoir, entouré d'une bordure en ciment. Le pneu arrière éclate. Qu'allions nous faire un dimanche soir à Chailley, petite commune rurale. La seule solution que nous propose tante Nicole, chez qui nous étions, c'est d'appeler Charlus. Enfin Charles Barillon. Un dimanche en fin d'après midi ? Son garage était fermé et lui au repos. Ma tante l'appelle au téléphone et quelques minutes, nous voyons arrivé un homme empressé. C'était Charles Barillon. Il semble très heureux de pouvoir nous aider. Il constate les dégâts et s'en retourne à son garage. " Je reviens tout de suite ". Il revient en côte de travail, s'installe au volant de la voiture et la place à un endroit abrité; Puis il entreprend de sortir la roue de secours, de faire fonctionner le cric et en quelques minutes, la roue de rechange est installée. C'était si simple pour lui. Le plaisir de rendre service à toute heure et tous les jours.

C'était un homme bien. C'était Charles. 

 A noter : Une nouvelle et peut-être dernière battue s'est déroulée mardi 2 août le matin, encadrée par les gendarmes, dans un périmètre de la forêt à proximité de son véhicule ; Elle n'a rien donné. Toujours aucune trace de Charles Barillon à ce jour. C'est une disparition qui reste totalement mystérieuse.


Dernière information : le 15 novembre 2016, des ossements sont retrouvés près d'armes  Après enquête, Il s'agit de ceux de Charles Barillon. Il est bien décédé dans la forêt qu'il aimait tant. 







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