Ma grand-mère invente les quenelles au chablis

#ChallengeAZ

Mon enfance a des souvenirs d'odeurs et de goûts.

C'est avec délectation qu'émane de mes souvenirs la bonne odeur des quenelles que me préparait ma grand-mère maternelle.

Elle s'appelait Germaine Guibert, née le 8 janvier 1914 à Auxerre. Elle avait épousé Marcel Bourgoin, le boucher de Chailley. Elle quitta la ville d'Auxerre, son métier aux Assurances sociales, pour s'installer dans la maison familiale de son époux Marcel Bourgoin, Boucher à Chailley (Yonne).

Elle s'attelait à la tâche et secondait son époux avec vigueur dans le commerce familial.

Elle était une cuisinière de talent et une véritable créatrice culinaire.

Elle avait inventé la recette de ces excellentes quenelles de lapin au Chablis, puis de volailles.

Elle sortait délicatement de leur pot en verre des petites quenelles rangées proprement les unes contre les autres.

Elle ouvrait un deuxième pot contenant la sauce à la tomate, type sauce nantua.

Elle nappait ses quenelles de la sauce onctueuse et passait le tout au four. C'était un plat fumant et odorant qui était placé au centre de la table. Impatiente, j'attendais qu'on me serve avec précaution avant de pouvoir déguster ces quenelles magiques.

Je me régalais de ce plat que je savais préparé avec soin.

Etiquette des pots de quenelles de Lapin au Chablis "la Chaillotine" 1963


Il ne fallait pas attendre bien longtemps avant que les assiettes soient vides. Mais il fallait patienter jusqu'à un autre repas pour pouvoir renouveler l'expérience gustative.

Les quenelles, accompagnées de leur sauce à la tomate, étaient vendues dans la boucherie charcuterie de mon grand-père Marcel Bourgoin.

Elles rencontrèrent tellement de succès que son fils imagina un procédé de conservation. Des pots stérilisés dans une autoclave et fermés hermétiquement par une capsule de métal.  Cette idée et ce procédé novateurs permettront de les lancer en série sur le marché français.

C'est ainsi que les fameuses quenelles ont été commercialisés à  grande échelle dans les villes des environs d'abord puis dans toute la France et surtout à Paris.

Leur renommée amena la boutique familiale à se transformer en véritable petite industrie alimentaire sous le nom "la Chaillotine", du nom des habitantes de leur commune Chailley.

D'autres produits sont venus rejoindre la "gamme" des bouchers de Chailley, en particulier les toutes aussi fameuses rillettes de lapin parfumées au Chablis.

Couvercle Rillette de Lapin au Chablis "La Chaillotine" 1963


Comme le relate un article du journal l'Yonne Républicaine daté du 25 février 1963, la qualité aidant "la Chaillotine" gagne des marchés. Est photographié le laboratoire de la charcuterie Bourgoin qui emploie à cette époque 4 personnes, qui s'ajoutent au boucher, son épouse, à son fils et à son neveu devenus apprentis dans le commerce familial.

La petite entreprise, fondée sur les quenelles et les rillettes de ma grand-mère, au goût recherché, fera vivre toute la famille pendant de nombreuses années.


Article du Journal l'Yonne Républicaine 25/02/1963















2 commentaires:

Odile a dit…

Génial ! et très appétissant :-) Bravo pour ton récit et pour toutes ces illustrations.

Valérie a dit…

Très belle histoire familiale, merci de nous l'avoir partagée

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